Insolite - La petite station du Val d'Hérens se paie le luxe d'avoir trois sites internet. Si deux émanent d'organismes officiels, le dernier est une initiative privée.

Alors qu'un peu partout, les régions touristiques se regroupent autour d'une destination, d'un nom, celle d'Arolla a pris une tout autre voie. Rien moins que trois sites internet vantent cette vallée de la commune d'Evolène.

Si les deux premiers sont des vitrines officielles d'Evolène Région et de l'ancienne société de développement, le dernier-né, www.arolla.org, est le résultat d'une initiative privée. Des enragés de cette région, vaudois, genevois, belges qui ont fondé l'AAA, pour Association des Aficionados d'Arolla. Le concepteur et administrateur du site est quand même quelqu'un de la région. Après avoir bourlingué au Canada et en Islande, Christophe Clivaz gère aujourd'hui l'épicerie du Rond-Point.

Une telle profusion de sites pour ce seul village interpelle évidemment Pierre-Henri Pralong, président de la Société de développement d'Evolène-Région. "Ça fait beaucoup. Depuis la fusion des sociétés de développement, c'est comme ça à Arolla, ils veulent garder un certain particularisme. Pour eux, c'est nécessaire et je peux le comprendre".
Pour lui, la multiplication des sites internet reflète le malaise d'une région périphérique face à la centralisation des destinations touristiques. "On sait ce qu'on n'est plus, mais on ne sait pas ce qu'on sera", résume-t-il.

Derrière la démarche des aficionados, il n'y a aucune volonté commerciale. "Je faisais beaucoup de photos panoramiques de la région pour les vendre ensuite sous forme de CD dans mon épicerie-bazar", explique Christophe Clivaz. La diffusion restait pourtant confidentielle. "En les mettant sur un site internet, elles sont maintenant à la disposition de tous".
La collection ne se résume pas qu'à des panoramas alpins. "Nous voudrions recenser tout ce qu'on peut trouver dans le val d'Arolla, sauf les habitants", plaisante-t-il. Et la sauce a rapidement pris puisque plus de 336 fleurs, 58 espèces d'animaux... sont déjà répertoriées. "Je reçois régulièrement des photos prises dans la région par des promeneurs ou des passionnés. Parfois, je dois me renseigner auprès de spécialistes pour les répertorier correctement". Derrière cette démarche, il y a un double enjeu. La préservation de l'environnement et un rôle touristique. "Pour protéger cette région, je ne pense pas qu'il soit nécessaire de poser partout des banderoles. Si les gens connaissent leur environnement, ils le protègent automatiquement".

Mais outre son aspect découverte de la nature, il y a aussi un aspect touristique qui n'est pas à négliger. "Nous n'avons pas la prétention de remplacer celui de Coeur du Valais". Pourtant le site développe des balades très dynamiques sur les pistes et chemins du val d'Arolla. Une présentation qui n'a rien à voir avec celles plus austères des instances officielles.

Laurent Savary